mardi 30 décembre 2014

TABLAT, LA CITE ANTIQUE

TABLAT, LA CITE ANTIQUE
                                SUR LES TRACES DE LA NAISSANCE DE TABLAT                                          
                                         

   En l’absence d’études archéologiques et anthropologiques, de documents et de références historiques qui pourraient venir exhumer le passé de la région de Tablat, l’histoire de celle-ci demeure mal cernée à ce jour.
Cependant cette histoire pourrait être reconstituée plus au moins fidèlement grâce à certaines informations glanées par-ci, par-là , localement et à partir de documents trouvés sur des sites internet et qui retracent certains faits historiques.

     Tablat selon l’étymologie populaire berbère
« Tablat est une localité du Sud-Est de Blida, dans une région qui reste encore amazighophone.
Tablat signifierait « la pierre ».Le mot « ablad » est utilisé dans le kabyle de l’Est de la Kabylie pour « pierre », alors qu’il est utilisé dans l’Ouest dans sa forme féminine « Tablat » pour désigner «carreau de carrelage ».Quand au kabyle parlé dans la wilaya de Blida, je crois qu’ il signifierait plutôt «  pierre ». Autour de Tablat et de Hammam Melouane, il existe beaucoup de villages kabylophones amazighs :Kef Tidjildjelt,Tiberguent,Agu n Nnda, Djebel  Adoumez,…www.kabyle.com
   Tablat , chef-lieu d’une marche militaire  de la Maurétanie césarienne
         Passons maintenant pour voir la définition de Tablat faite par l’historien « Mac Carthy » dans son livre « Géographie physique ,économique et politique de l’Algerie »  publié en 1858.
Dans la page 353, on lit :
« Tablat, l’ancienne Tablata, chef-lieu d’une marche militaire, sous les Romains , au cinquième siècle, près de l’Isseur,sur la route d'Auzia (Aumale) à Icosium (Alger). »
Site romain de Taguerboust Cne de TablatRuines romaines du site de Taguerboust Cne de TablatRuines du site romain de Taguerboust Cne de Tablat
اثار الموقع الروماني بتقربوست تابلاط
   INDICES PERMETTANT DE RENFORCER CETTE DEFINITION :
 
1)    Le Pr L.Leshi pense qu’une route romaine venant de la montagne ( des traces en  subsistent dans la région de Tablat )  débouchait en plaine vers Rovigo, et de là, gagnait Rusguniae dont les relations étroites avec Aumale, d’une part, et le Chélif d’autre part sont attestées par l’épigraphe.Cette route devait passer non loin de Sidi Moussa…
2)CVI   TABLA
TABLA appartenait à la Maurétanie césarienne comme nous l’apprenons de la notice.Il y avait une Ville frontière nommée TABLATA, et citée par la notice de l’Empire : «  Géographie de l’Afrique chrétienne. » Par Mgr Toulotte , Anatole (1852-1907)
3)SEPTIMINICIA,( Géog. Anc.) ville de l’Afrique propre : elle est marquée d’Antonin, sur la route d’Assurae à Thenoe, entre Madassuma & Tablata , à vingt-cinq milles dans l’itinéraire du premier de ces lieux , & à vingt milles du second ; c’était un siège épiscopal.(D.J.)
4)Praepositus limitis Tablatensis.-
TABLATENSIS .a  TAMATA Oppido. TABLATA legit Itenerariu. Vbl niansiocurfus publici 1Suit...
5)L'Afrique chrétienne: Évêchés & ruines antiques d'après les manuscrits de Mgr Toulotte, et les découvertes archéologiques les plus récentes
J. MesnageAnatole Toulotte
E. Leroux, 1912
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6)rapidum.jpg
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Conclusion :
L'appellation "Tablata", "Tablat" dérive du romain "Tablatensis" qui signifie "marche militaire, "casernement" ou " camp romain".
Les Maures ( Les bèrbères de l'Afrique du nord, sous domination romaine) utilisaient la dénomination "Tavlast" qui dérive du romain "Tablatensis" et signifiant "casernement", "marche militaire"...
Tablata (ville romaine) a donné Tavlast ou Tavlat (amazigh) qui a donné à son tour "Tablat (appellation actuelle).
 Voici à quoi ressemblait "Tablat ou "Tablata" sous la domination romaine (Texte+ illustration                                           
Le camp romain ou la marche militaire
L'armée romaine était très organisée : Le camp possédait une forme immuable,l'ordre de marche s'adaptait à l'environnement (hostile ou neutre) et les tactiques pour les sièges étaient très efficaces.
1) Le CAMP ROMAIN
Le camp romain était installé chaque nuit, son installation était rapide (2 heures).On organisait le camp à la méthode des augures.Le camp était constitué de :
- le principia (le quartier général)
- le praetorium (habitation du général)
- 2 voies : la via principalis et la via praetoria
- 4 portes : porta praetoria, porta principalis dextra, porta principalis sinistra et prota decumana
- un fossé et le remblai.

.......
Lorsque le camp était là pour une plus grande durée, on construisait de meilleures fortifications.
2) L’ARMEE EN MARCHE
L’ordre de marche se divisait en plusieurs parties :
2.1) si aucun danger n’était à craindre,
2.2) en cas de danger :
 a) Iter expeditum :  - en progression 
    - en retraite 
 b) Iter quadratum 
 c) à proximité de l’ennemi.
3). LES TRAVAUX DE SIEGE
Il y a plusieurs techniques de sièges :
- l’obsidio : un blocus : le but est de couper les vivres aux assiégés 
- l’oppugnatio repentina : est une attaque subite, soudaine 
- l’oppugnatio longinqua : est lent et de longue durée (= siège en règle).
LE CAMP, UN BIVOUAC FORTIFIE :

Le camp est construit chaque soir à l'étape. Il sera plus soigneusement organisé lorsque l'armée y passera tout l'hiver. Le camp peut même devenir permanent, en fonction des événements. Autour du camp se forment alors des agglomérations urbaines. Les caractéristiques du camp restent toujours les mêmes. Il est en hauteur, à proximité d'un point d'eau, de fourrages et de prairies. Les officiers et les augures choisissent d'abord l'emplacement, d'après les indications du général, puis un augure trace l'enceinte correspondant au temple céleste : 2 grandes lignes perpendiculaires sont tracées (ces rites sont semblables à ceux de la fondation d'une ville), dans l'intervalle desquelles les troupes dressent les tentes. Ensuite, tous les soldats, alignés côte à côte sur les limites extérieures du camp, creusaient un fossé, rejetant la terre pour former un talus d'une hauteur égale à la profondeur du fossé. Sur ce rempart était disposée une palissade de pieux ou de claies tressées, parfois munie de créneaux. Les 2 grandes lignes aboutissent à 4 portes: la porta praetoria du côté de l'ennemi; la porta decumana à l'opposé; à droite et à gauche, la portadextra et la porta sinistra. Des voies secondaires, se coupant également à angle droit, subdivisaient les quatre grands secteurs. Non loin de la porta praetoria était placé le praetorium, la tente du général, devant laquelle les aigles étaient fichées en terre; autour étaient le forum, ou place de rassemblement, et le quaestorium, trésor et magasin. Derrière se trouvaient l'autel et les tentes des officiers supérieurs, lieutenants et tribuns. Puis les légions, au centre, les auxiliaires, tout autour, campaient, alignés en six rangs perpendiculaires à la voie principale, qui menait de la porte de droite à la porte de gauche. Le forum, le tribunal et les baraquements sont toujours rigoureusement installés à la même place, afin de permettre l'organisation rapide du camp à chaque étape. Dans les tentes, groupées en rectangles allongés, les hommes conservent leur ordre de bataille. Un camp de légion occupe 45 hectares (environ 550 m par 800 m). Tout autour du camp, entre le retranchement et les tentes des troupes, était laissé un vaste espace libre mettant les tentes à l'abri des traits ennemis et permettant une circulation sur les quatre faces en cas d'attaque. En dehors de chacune des quatre portes, des corps de gardes assuraient la surveillance et la protection du camp. Telle était la disposition générale du camp romain, qui devait constituer à la fois un refuge sûr en cas d'attaque ennemie et une base solide pour une offensive, ou pour une retraite. Les familles des légionnaires pouvaient y habiter, et les habitants de la région venaient souvent s'installer à proximité pour faire du commerce ou chercher protection.
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Le camp romain, un bivouac fortifié 

NAISSANCE D'UNE VILLE SUR LE LIEU DU CAMP ROMAIN
-La présence d'une fontaine d'eau romaine à Tala R'Zag avec plusieurs canalisations, des postes romains d'observation sur les hauteurs des montagnes qui cernent le casernement, l'existence des traces de la civilisation romaine dans la zone comprise entre Taguerboust, Guerrouma,Rasfa,Ouled Saci (Aïn romaine)...témoignent que les Romains avaient vécu dans la région de Tablat.Dans les lieux cités précédemment, on trouve un ksar, un cimetière, des blocs, des ruines, des restes de colonnes...Même en retournant le sol, les paysans de ces territoires découvrent encore des pièces de monnaie, des pierres portant des écritures, des dalles, des poteries...raf-3.jpg
-A Om D'Heb, terrain situé sur la rive gauche de "Oued Isser" et non loin du douar El Babda, il y a un site romain, site où l'on peut apercevoir plusieurs dalles de tailles grandes, éparpillées un peu partout et sur une immense superficie.
-Des inscriptions sont, aussi, signalées.En retournant le sol, les fellahs (habitant El Babda,Nouawra,Snaïssia) tombent sur des objets datant de l'époque romaine.On a même trouvé des meules de moulins, une charrue munie des socs...
-"DEUX PETITS TOURISTES EN ALGERIE" est le titre d'un livre édité en 1888 et dont l'auteur est Gaston Bonnefont.Dans la page 70 de ce livre, nous lisons:
"A cinq heures du soir, ils étaient à Tablât, dont l'antiquité est constatée par des inscriptions romaines encore lisibles sur les vestiges de quelques monuments.
A Tablât, autrefois Tablata, les auberges ne manquent pas.La ville n'a que 160 habitants mais la civilisation y a pénétré sous toutes ses formes.On peut y dîner à l'européenne et un tailleur français se charge d'y habiller ses clients aux dernières modes parisiennes... d'il y a dix ans".
-A signaler, en outre, que dans le livre de Seston William intitulé " Le MONASTERE D'AIN TAMADA ET LES ORIGINES DE L'ARCHITECTURE MONASTIQUE EN AFRIQUE DU NORD", on lit dans la page 930 et suiv. dans la liste des évêques que "Quodvultdcus Tablensis" pourrait être l'évêque de Tablat, ville située au nord de RAPIDUM(Sor Djouab devenu par la suite une cité).
 L'antique Tablata
1-D'après les indications mentionnées ci-dessus, on pourra confirmer qu'une ville avait, bien et bel, été née sur le camp et qui fut nommée "Tablata", Tavlast, Tablat" et qui fut engloutie sous l'effet de phénomènes naturels tels les séismes quelques siècles après sa fondation.
2-Tout autour de Tablat, s'étaient formées, jadis, des agglomérations à Rasfa,Takerboust,El Babda...
Remarque: L'étude de l'itinéraire d'Antonin révèle l'existence de plusieurs villes aujourd'hui disparues.Tablat n'est donc que l'un de ces exemples de villes dont on parle.
De La Mauritanie à l'Andalosie
1-Domination vandale (429-533)
En 428,Genséric devenu roi, conduit les Vandales en Afrique du Nord.Un vaste territoire de la Maurétanie césarienne fut conquis au V siècle.Les Byzantins chassèrent les Vandales en 533 et reconquirent la partie orientale du pays.
2-La conquête arabe (647)
Les Arabes arrivèrent en 647 et leur conquête fut achevée en 711. Au VIII siècle, l'Afrique du Nord devint une 1-balochi-yalghar-azhar-abbas.jpgprovince omayad.
Signalons ici, mais pour mémoire seulement en laissant aux historiens de confirmer ou d'infirmer la déduction suivante : il existe dans la province de Séville(  إشبيليا) en Andalousie une ville nommée "Tablata" qui fut fondée par les Sarrassins (Les Sarrassins étaient, en réalité, des Maures) ce qui laisserait supposer que lors de la conquête de l'Espagne en 711 par l'armée bèrbère, un grand nombre des Maures de Tablat ou Tablata faisait partie de cette armée envoyée par le Gouverneur arabe de l'Afrique du Nord pour le compte du calif de Damas.Cette armée était dirigée par Tarik Ibn Ziyad.Quand Séville fut conquise,ces Maures, venus d'Algerie et plus précisement de Tablat ,fondèrent dans cette province une ville et la bâptisèrent "Tablata" afin de remémorer le lien qu'ils avaient avec leur pays natal.                                                           
                         Abdelkader Lakhdari, administrateur du site

En savoir plus sur http://kall.e-monsite.com/blog/sur-les-traces-de-la-naissance-de-tablat.html#wcBl9Rc6MVS2V7co.99

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